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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/269

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LA CONVERSION DE JEANNE

apostasie en faveur de l’évangélisme. Les erreurs paraissent si déplaisantes chez les personnes peu riches — on trouve qu’elles prennent, en s’écartant de la routine, des libertés inexcusables, tandis que les personnes riches peuvent se permettre quelques inconvenances. « Elles ont de l’argent pour ça », disait une fille en parlant de sa maîtresse, qui s’était rendue malade en mangeant du saumon mariné. Quoi qu’il en fût, il n’y eut pas une connaissance de Jeanne dans Milby qui ne lui montrât de la politesse pendant les premiers jours de son veuvage. La sévère Mme Phipps elle-même ne fit point exception ; car le Ciel sait ce que deviendrait notre sociabilité, si nous renoncions à voir les gens dont nous disons du mal ; il nous faudrait vivre, comme les ermites égyptiens dans la solitude au milieu de la foule.

Peut-être les attentions les plus agréables à Jeanne furent-elles celles de sa vieille amie Mme Crewe, dont l’attachement pour sa favorite se montra très supérieur à tout ressentiment au sujet de M. Tryan. La vieille petite dame sourde ne pouvait se passer de sa visiteuse habituelle, qu’elle avait vue, de petite fille, devenir femme, toujours aussi bien disposée à causer avec elle, quoiqu’elle fût sourde, et à lui raconter toutes les nouvelles ; tandis que d’autres personnes trouvaient fatigant de lui crier aux oreilles et la fâchaient en lui recommandant toute espèce de cornets acoustiques.