Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/136

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ciateur désireux de se faire fermer la bouche à prix d’argent qu’à celui d’un vieillard offensé.

— Ainsi, monsieur, commença-t-il, vous avez payé dix pour cent d’intérêt en empruntant de l’argent que vous avez promis de rendre plus tard en hypothèque sur mes terres, quand je serai mort et enterré, eh ? Vous me donnez encore une année de vie, n’est-ce pas ? Mais je puis encore changer mon testament.

Fred rougit. Il n’avait pas contracté d’emprunt semblable et pour de bonnes raisons. Mais il se rappelait avoir parlé avec quelque confiance, peut-être avec plus de confiance qu’il ne s’en souvenait exactement, de ses espérances d’hériter des biens de Featherstone comme d’un moyen de payer plus tard ses dettes présentes.

— Je ne sais à quoi vous faites allusion, monsieur. Je n’ai certainement jamais emprunté d’argent sur de telles garanties. Veuillez bien vous expliquer.

— Non, monsieur, c’est à vous de le faire. Je puis encore changer mon testament, je vous l’ai dit. Je suis sain d’esprit, je suis encore de force à calculer des intérêts composés et à me rappeler le nom de tous les fous de ce monde aussi bien qu’il y a vingt ans. Et que diable !… je suis au-dessous de quatre-vingts. Je dis que vous devez démentir cette histoire.

— Je l’ai déjà démentie, monsieur, répliqua Fred avec un peu d’impatience, mais je la nie encore. Cette histoire n’est qu’un stupide mensonge.

— Cela ne veut rien dire ! Apportez-moi des preuves. Je sais la chose d’autorité.

— Nommez-moi cette autorité, et faites-lui dire quel est l’homme dont j’ai emprunté de l’argent ; et alors je serai en mesure de réfuter cette histoire.

— C’est une autorité compétente, je le crois, un homme qui sait tout ce qui se passe à Middlemarch. C’est ce bon,