Avec nulle autre que Mary, elle ne se fût permis un mot si malséant.
— Qu’entendez-vous par « abominable » ?
— Il est si paresseux, il donne tant de soucis à papa, et il dit qu’il ne veut pas entrer dans les ordres.
— Je trouve que Fred a tout à fait raison.
— Comment pouvez-vous dire qu’il a raison, Mary ? Je vous croyais plus de religion.
— Il n’est pas fait pour être pasteur.
— Mais il devrait l’être.
— Eh bien, alors, il n’est pas ce qu’il devrait être. Je connais d’autres personnes qui sont dans le même cas.
— Aussi ne les approuve-t-on pas. Je ne voudrais pas épouser un pasteur. Mais il faut bien qu’il y en ait.
— Est-ce là une raison pour que Fred le devienne ?
— Mais puisque papa a fait la dépense de le faire élever pour cela ? Et supposez seulement qu’il n’ait plus tard aucune fortune ?
— Je puis très bien le supposer, dit Mary sèchement.
— Alors, je m’étonne que vous défendiez Fred, répliqua Rosemonde tenant à insister sur ce point.
— Je ne le défends pas, dit Mary en riant ; mais je ne conseillerais pas à une paroisse de le prendre pour pasteur.
— Il est évident que, pour être pasteur, il devrait changer beaucoup.
— Oui, il serait un grand hypocrite et il ne l’est pas encore.
— Il n’y a rien à vous dire, Mary ; vous prenez toujours le parti de Fred !
— Pourquoi ne le prendrais-je pas ? dit Mary s’animant tout à coup. Lui aussi prendrait le mien. Il est la seule personne qui se soucie un peu de me faire plaisir.
— Vous me mettez fort mal à l’aise, Mary, dit Rose-