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debout dans l’obscurité, attendant au haut de l’escalier qu’il montât, sa lumière à la main. S’il tardait à venir, elle était résolue à descendre, au risque de recevoir encore une blessure pareille à celle de la journée. Désormais elle ne s’attendait plus à autre chose. Mais elle entendit la porte de la bibliothèque s’ouvrir, la lumière s’avança lentement et silencieusement sur l’escalier dont le tapis assourdissait le bruit des pas. Lorsque son mari se trouva en face d’elle, Dorothée s’aperçut que son visage était plus hagard. Il tressaillit légèrement en la voyant, elle le regardait d’un air suppliant et sans parler.

— Dorothée ! dit-il d’une voix dont la douceur inattendue la surprit, m’attendiez-vous ?

— Oui, je ne voulais pas vous déranger.

— Venez, ma chère, venez. Vous êtes jeune et vous n’avez pas besoin d’allonger votre vie par des veilles.

Quand la douce et calme mélancolie de ses paroles tomba dans l’oreille de Dorothée, elle ressentit quelque chose comme la reconnaissance qui peut jaillir en nous lorsque nous avons failli faire le mal sans le vouloir à une créature paralysée et sans défense. Elle mit sa main dans celle de son mari et ce fut ainsi qu’ils passèrent ensemble le long du grand corridor.



fin du tome premier