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LIVRE VI



LA VEUVE ET L’ÉPOUSE



CHAPITRE PREMIER


Durant cette matinée charmante où les meules de foin embaumaient l’air à Stone-Court, tout comme si M. Raffles eût été un hôte digne de l’encens le plus délicat, Dorothée était rentrée à Lowick-Manor. Freshitt était devenu pour elle, au bout de trois mois, un séjour un peu pesant ; rester assise dans une pose de sainte Catherine en regardant avec ravissement le baby de Célia, ne pouvait suffire à remplir les longues heures de la journée, et, d’autre part, était-il admissible qu’une sœur sans enfant demeurât indifférente en présence de cet important personnage. Dorothée aurait volontiers et joyeusement porté bébé pendant un mille s’il l’avait fallu, et elle ne l’eût, pour cette peine, aimé que plus tendrement ; mais il est bien permis à une tante, qui ne considère pas son petit neveu comme un Bouddha et dont tout le rôle auprès de lui consiste à l’admirer, de trouver à la longue sa conduite monotone, et l’intérêt de la merveille peut s’épuiser.