Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/166

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fait est que, semblable à la plupart des jeunes gentlemen, il souhaitait une occupation exempte de toutes choses désagréables. Je ne saurais dire quelles eussent été les conséquences de l’incident, s’il ne s’était pas promis d’avance d’aller voir Mary à Lowick, pour lui annoncer qu’il était convenu avec son père de travailler désormais sous sa direction. Il lui en eût trop coûté de renoncer à cette perspective.

— Je suis bien fâché ! Il ne put trouver d’autres paroles.

Mais M. Garth s’attendrissait déjà.

— Il faut en tirer le parti que nous pourrons, Fred, commença-t-il en reprenant sa voix ordinaire. Tout le monde peut apprendre à écrire. Je l’ai appris tout seul. Mettez-vous-y avec une ferme volonté, et travaillez la nuit, si la journée ne suffit pas. Nous aurons de la patience, mon garçon. Callum continuera encore quelque temps avec les livres de comptes, pendant que vous apprendrez. Mais il faut que je m’en aille, à présent, dit Caleb en se levant. Il faudra instruire votre père de nos arrangements. Vous me ferez faire l’économie des appointements de Callum, vous savez, quand vous saurez écrire ; et je pourrai vous donner quatre-vingts livres, la première année, et plus par la suite.

Lorsque Fred fit à ses parents la révélation nécessaire, elle produisit chez l’un et chez l’autre une surprise qui se grava profondément dans sa mémoire. Il se rendit tout droit du bureau de M. Garth à l’entrepôt, sentant avec raison que la façon la plus respectueuse de se conduire envers son père était de lui faire la pénible communication aussi gravement et aussi solennellement que possible. En outre, sa résolution serait plus certainement regardée comme définitive, si l’entrevue avait lieu pendant les heures les plus sérieuses de la journée de son père, qui étaient toujours celles qu’il passait dans son cabinet particulier, à l’entrepôt.