Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/170

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trouver un de ces jours avec une jolie histoire. Mais ce que je sais, c’est qu’ils n’auront pas d’argent de moi. Qu’elle se fasse aider par sa famille à lui. Je n’ai jamais aimé ce mariage-là ; mais il ne sert à rien d’en parler. Sonnez pour qu’on apporte les citrons, et n’ayez plus l’air triste, Lucy. Je vous conduirai demain en voiture à Riverston avec Louisa !



CHAPITRE IV


Le soir où Fred Vincy se rendit à pied au presbytère de Lowick (il avait commencé à s’apercevoir que dans ce monde un jeune homme bien élevé est quelquefois, tout comme un autre, obligé d’aller à pied, faute de cheval pour le porter), il se mit en route à cinq heures et s’arrêta en chemin chez mistress Garth, désirant s’assurer qu’elle ne voyait pas d’un mauvais œil leurs nouveaux rapports.

Il trouva la famille réunie, y compris les chiens et les chats, sous le grand pommier du verger. C’était fête pour mistress Garth : son fils aîné Christy, sa joie et son orgueil, était venu passer de courtes vacances à la maison. Christy, qui considérait comme la chose la plus enviable du monde, d’étudier toutes les littératures et de devenir professeur, semblait se trouver là comme la critique incarnée du pauvre Fred, une sorte de reproche vivant que mettait sous ses yeux une mère de famille modèle. Christy, édition masculine de sa mère, au front carré, aux épaules larges, ne dépassait guère l’épaule de Fred ce qui rendait la supériorité qu’on lui attribuait d’autant plus dure à supporter ; Christy d’ailleurs toujours parfaitement simple ne prenait pas plus garde à l’aversion de Fred pour l’étude qu’à