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de l’hôpital. M. Casaubon ne la questionna pas davantage, mais il demeura convaincu qu’elle avait voulu savoir ce qui s’était passé entre Lydgate et lui.

« Elle sait que je suis instruit, » disait la voix intérieure qui ne lui laissait pas un instant de répit ; mais cette nouvelle conviction tacite ne fit qu’éloigner davantage encore toute confiance entre eux. Il se défiait de son affection et quelle solitude nous isole plus que la défiance ?



CHAPITRE III


Cette opposition au nouvel hôpital pour les fiévreux, dont Lydgate avait parlé à Dorothée, on pouvait, comme toutes les oppositions, la considérer sous différents points de vue. Lydgate la regardait comme un mélange de jalousie et de préjugés stupides. M. Bulstrode y voyait non seulement une jalousie de métier, mais la résolution de le contrarier, uniquement inspirée par la haine de cette religion fondamentale, dont il s’était efforcé de devenir, lui laïque, le représentant actif, une haine qui, en dehors de la religion, n’avait pas de peine à trouver de ces prétextes, comme en fournit toujours abondamment le labyrinthe des actions humaines.

De par sa propre et solennelle affirmation, mistress Dollop, l’hôtesse du Hanap, en était arrivée à se convaincre que le docteur Lydgate avait l’intention de laisser mourir les gens à l’hôpital, sinon de les empoisonner, pour le plaisir de les disséquer ; car c’était un fait avéré qu’il avait voulu disséquer mistress Goby, de Farley Street, une femme aussi respectable qu’aucune autre, qui avait des économies avant son mariage, — et c’était une triste affaire pour un médecin qui, s’il valait quelque chose, devait savoir, avant votre mort,