Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/208

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homme, et puis… et puis… et puis… Oh ! je ne doute pas que la fin ne soit tout à fait romanesque.

— Grand Dieu ! que voulez-vous dire ? s’écria Will, son visage se couvrant jusqu’aux oreilles d’une vive rougeur, et ses traits s’altérant comme s’il avait reçu une violente secousse. Ne plaisantez pas, dites-moi ce que vous avez appris.

— Vous ne savez vraiment rien ? dit Rosemonde quittant le ton de la plaisanterie et ne demandant pas mieux que de lui tout révéler, afin de juger de l’effet produit.

— Non, reprit-il impatiemment.

— Vous ne savez pas ce que M. Casaubon a ajouté à son testament, que mistress Casaubon ne pourrait vous épouser, sans perdre toutes ses propriétés.

— Comment savez-vous si c’est vrai ? s’écria Will impétueusement.

— Mon frère Fred l’a entendu dire chez les Farebrother.

Will se leva d’un bond et saisit son chapeau.

— Je crois bien qu’elle vous préfère à la propriété, insinua Rosemonde le regardant sans bouger.

— N’en dites pas davantage, je vous en prie, dit Will d’un ton brusque et sourd, entièrement différent de la voix fraîche qu’il avait d’ordinaire, c’est un outrage pour elle et peur moi.

— Vous voilà maintenant fâché contre moi, dit Rosemonde, c’est très méchant de me garder rancune à moi. Vous devriez m’être reconnaissant de vous l’avoir dit.

— Je le suis, dit Will brusquement, parlant avec cette sorte de seconde âme qui appartient aux rêveurs lorsqu’on les interroge.

— J’espère bien un jour apprendre ce mariage, dit Rosemonde en badinant.

— Jamais ! Vous n’apprendrez jamais ce mariage !

Et prononçant impétueusement ces mots, Will se leva,