Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/212

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diverses classes de Middlemarch, les Toller, Hackbutt et Cie qui tous le regardaient comme un aventurier, eux qui ne se doutaient seulement pas de l’existence de Dante, eux qui, de la plus basse extraction, osaient parler avec ironie de son sang polonais ! Il se tenait à une place en évidence, non loin du commissaire-priseur, l’index de chaque main dans ses poches de côté, la tête rejetée en arrière, ne se souciant de parler à personne, bien qu’il eût été salué cordialement comme un connaissure par M. Trumbull, qui jouissait pour le moment de l’activité exceptionnelle de ses hautes facultés.

M. Borthrop Trumbull avait dans les veines un liquide bienveillant ; essentiellement admirateur par nature, il eût aimé à avoir l’univers sous son marteau, sentant qu’il l’aurait par sa recommandation élevé à un cran plus noble. Il se contentait en attendant, de l’ameublement de salon de mistress Larcher. Et animées par une direction aussi fantaisiste qu’enthousiaste, les enchères se poursuivaient avec une émulation croissante.

— Allons, Trumbull, en voilà assez, avec tous les ramassis d’antiquailles que vous avez fourrés dans la vente, murmura M. Toller en s’approchant du commissaire. Je voudrais voir les gravures et je vais tout à l’heure être obligé de m’en aller.

— Nous y voilà justement, monsieur Toller. Ici, Joseph ! en avant les gravures ! Article 235. — Maintenant, vous, messieurs, qui êtes des connaisseurs, vous allez avoir un régal. Voici une gravure représentant le duc de Wellington, entouré de son état-major, sur le champ de bataille de Waterloo et malgré certains événements récents qui ont, en quelque sorte, enveloppé notre grand héros d’un nuage, je me permettrai de dire, — car un homme dans ma situation ne doit pas subir l’influence des courants politiques, — je me permettrai de dire qu’un plus beau sujet dans l’ordre moderne,