Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/231

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entamée par cet étranger loquace et bouffi se continuait par cet emblème de respectabilité, aux yeux pâles et à l’air malade, dont la voix éteinte et le formalisme doucereux de langage lui semblaient pour le moment presque aussi repoussants que le contraste dont il se souvenait.

Il répondit avec un changement d’expression visible :

— Non certainement, rien.

— Vous voyez devant vous, monsieur Ladislaw, un homme profondément frappé. N’étaient les exigences de ma conscience et le sentiment que je suis à la barre du tribunal de Celui qui ne voit pas comme voient les hommes, rien ne m’obligerait à vous faire la révélation pour laquelle je vous ai prié de venir ici ce soir. À ne considérer que les lois humaines, vous n’avez aucun droit sur moi.

Will était encore plus mal à l’aise qu’étonné. M. Bulstrode s’était tu, appuyant la tête sur sa main et regardant à terre. Mais fixant alors son regard scrutateur sur Will il continua :

— On m’a dit que le nom de votre mère était Sarah Dunkirk et qu’elle s’était enfuie de chez ses parents pour se faire actrice. On m’a dit aussi que votre père était, à une certaine époque, très affaibli par la maladie. Oserais-je vous demander si vous pouvez confirmer ces faits ?

— Oui, ils sont tous deux exacts, dit Will frappé de l’ordre de cette enquête, qu’on se serait étendu à voir précéder les allusions premières du banquier.

Mais M. Bulstrode avait suivi l’ordre de ses émotions ; il ne doutait plus que l’heure d’une opportune restitution ne fût venue, et l’attitude de pénitence devait détourner de lui le châtiment.

— Connaissez-vous quelques particularités relatives à la famille de votre mère ? continua-t-il.

— Non, elle n’aimait pas à en parler. C’était une très noble et très respectable femme, dit Will presque avec colère.