Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/31

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elle-même ; et en voyant la manière dont il décrivait toutes ses sensations, Lydgate devina qu’il aimerait à ce que son médecin le mît dans sa confidence, et lui laissât en quelque sorte une part dans sa propre guérison. Le commissaire priseur apprit sans beaucoup d’étonnement que sa constitution physique était de nature à pouvoir, sous une surveillance convenable, être abandonnée à elle-même, de manière à offrir l’exemple admirable d’une maladie clairement dessinée dans toutes ses phases, et qu’il avait probablement la rare force morale de pouvoir fournir volontairement sur lui-même la preuve d’un traitement rationnel, et de faire ainsi, du désordre de ses onctions pulmonaires, un bienfait général pour la société.

M. Trumbull admit volontiers et partagea énergiquement l’opinion qu’une maladie chez un homme comme lui n’était pas une occasion ordinaire pour la science médicale.

— Ne craignez rien, monsieur ; vous ne parlez pas à quelqu’un de tout à fait ignorant de la vis medicatrix, dit-il avec son ton ordinaire de supériorité, auquel sa difficulté à respirer ajoutait une expression légèrement pathétique.

Et il supporta, sans faiblir, la privation complète de tout médicament, puissamment soutenu par l’application du thermomètre qui indiquait l’importance de sa température, par le sentiment qu’il fournissait des matières pour le microscope, et par la connaissance qu’il acquérait de plusieurs mots nouveaux paraissant appropriés à la dignité de ses sécrétions. Lydgate avait l’esprit de lui donner la jouissance de petites conversations techniques.

On peut facilement imaginer que M. Trumbull quitta son lit de malade avec une forte disposition à parler d’une maladie dans laquelle il avait manifesté sa force d’âme aussi bien que la force de sa constitution ; et il ne se fit pas faute d’accorder son crédit à un médecin qui avait su discerner la qualité du malade auquel il avait affaire. Le commissaire