Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/353

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pur sang, prenant ses quatre ans, ils feraient bien de commencer par aller la voir à Doncaster. Il y avait aussi une paire de chevaux noirs qu’il allait mettre en dressage et qui rappela vivement à son souvenir une autre paire qu’il avait vendue à Faulkner, en « 19 » pour cent guinées, et que Faulkner avait revendue cent soixante, deux mois plus tard.

La conversation était devenue très animée, lorsqu’on vit arriver M. Frank Hawley. Il n’était pas homme à compromettre sa dignité en flânant au Dragon Vert ; mais apercevant Bambridge, il s’approcha pour demander au maquignon s’il avait trouvé l’excellent cheval de cabriolet qu’il s’était engagé à lui procurer. M. Hawley fut prié d’attendre un peu : on allait lui montrer un certain gris choisi à Bilkley, si celui-là ne satisfaisait pas ses désirs, à un cheveu près, Bambridge ne savait pas ce que c’était qu’un cheval, ce qui était bien l’invraisemblance la plus monstrueuse que l’on pût concevoir. Au même moment un cavalier passa lentement dans la rue.

— Bulstrode ! murmurèrent à la fois deux ou trois voix. M. Hawley se retourna pour jeter un regard indifférent sur le dos du cavalier, mais Bambridge en le suivant des yeux fit une grimace.

— Par Jupin !… cela me rappelle, et il commença en baissant un peu la voix, — j’ai raccroché à Bilkley autre chose encore que votre cheval de cabriolet, monsieur Hawley, j’ai raccroché une jolie histoire sur Bulstrode. Savez-vous comment il a fait sa fortune ? À tout gentleman curieux de petites informations particulières je puis en fournir gratis. Si chacun recevait ce qu’il mérite, Bulstrode pourrait aller dire ses prières à Botany-Bay.

— Qu’entendez-vous par là ? demanda M. Hawley, fourrant ses mains dans ses poches et, s’avançant de quelques pas. S’il se trouvait que Bulstrode fût un misérable, Hawley aura été bon prophète.