Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le cercle des auditeurs était devenu de plus en plus nombreux, la présence du secrétaire de la ville était une garantie qu’il se passait là quelque chose qui méritait l’attention ; et M. Bambridge débita son récit en présence de sept personnes. C’était en résumé ce que nous savons, y compris ce qui se rapportait à Will Ladislaw, avec addition de couleur et de circonstances locales. C’était ce que Bulstrode avait tremblé de voir révélé, ce qu’il avait espéré enterrer à tout jamais avec le cadavre de Raffles, c’était ce spectre acharné de sa vie passée dont il se croyait délivré par la Providence, tandis qu’il passait à cheval devant la porte du Dragon Vert. Oui, par la Providence. Il ne s’était pas encore avoué qu’il eût rien fait pour contribuer à ce résultat ; il avait accepté ce qui semblait s’être offert à lui. Il était impossible de prouver qu’il eût rien fait pour hâter le départ de l’âme de cet homme.

Mais l’histoire se répandit à travers Middlemarch. M. Franck Hawley poursuivit ses investigations en envoyant à Stone-Court un commis de confiance, pour recueillir de la bouche de mistress Abel le plus de détails possible au sujet de Raffles et de sa maladie. Il apprit ainsi que c’était M. Garth qui avait amené l’individu à Stone-Court dans son cabriolet ; M. Hawley saisit en conséquence la première occasion de voir Caleb, et, après l’avoir entretenu d’une affaire d’arbitrage, il essaya de le questionner adroitement sur Raffles. Il ne parvint pas à arracher à Caleb une seule parole défavorable à Bulstrode ; restait cependant le fait que Garth était bien forcé d’admettre, c’est qu’il avait renoncé dans le courant de la semaine dernière à travailler pour Bulstrode. M. Hawley en tira ses conclusions, et, convaincu que Raffles avait raconté son histoire à Garth, et que c’était pour cela que Garth avait abandonné les affaires de Bulstrode, il en informa M. Toller quelques heures plus tard. La version circula, et à force de circuler elle perdit