Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/369

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besoin de fameux exemples pour y mesurer vos actions, monsieur ; et encore une fois, je vous adjure, soit de vous expliquer d’une manière satisfaisante sur les faits qui vous sont imputés, soit d’abandonner des fonctions où, à quelque prix que ce soit, nous refusons de vous avoir pour collègue. Je dis, monsieur, que nous refusons d’agir de concert avec un homme dont le caractère ne s’est pas lavé des révélations infamantes qu’ont jetées sur lui non seulement des rapports, mais des faits récents.

— Permettez, monsieur Hawley, dit le président.

Et M. Hawley, encore frémissant, s’inclina, déguisant mal son impatience, et s’assit, les mains enfoncées dans ses poches.

— Monsieur Bulstrode, il ne me paraît pas désirable de prolonger la discussion présente, dit M. Thesiger, se tournant vers le banquier pâle et tremblant. Je suis forcé de me ranger en partie à l’opinion émise par M. Hawley comme expression du sentiment général, estimant que vous devez à votre profession chrétienne de vous laver, si possible, de certaines diffamations malheureuses. Pour ma part, je serais disposé à vous en fournir pleinement l’occasion et à vous prêter attention. Mais je dois dire que votre attitude présente est fâcheusement incompatible avec ces principes sur l’honneur desquels je suis tenu de veiller, et avec lesquels vous avez cherché à vous identifier. Je vous conseille pour le moment, comme votre pasteur, et en homme qui espère vous voir réhabilité dans l’estime générale, de quitter la place et de ne pas interrompre plus longtemps la délibération de nos affaires.

Bulstrode, après un moment d’hésitation, prit son chapeau qui était à terre et se leva lentement, mais il saisit en chancelant le coin de sa chaise, de telle sorte que Lydgate, qui l’observait, fut convaincu qu’il n’aurait pas la force de s’éloigner sans soutien. Que faire ? Il ne pouvait laisser un homme s’affaisser à ses côtés, faute de secours. Il se leva,