Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/400

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pourrait trouver nécessaire de faire une visite à Middlemarch dans le courant des semaines suivantes, charmante nécessité, disait-il, presque aussi charmante que les vacances pour un écolier. Il espérait qu’il y avait toujours pour lui sa place d’autrefois sur le tapis de la cheminée, et beaucoup de musique en réserve. Mais il ne pouvait rien dire encore de l’époque précise de sa venue. Tandis que Lydgate lisait cette lettre à Rosemonde, la figure de celle-ci avait l’air d’une fleur renaissante à la vie : elle s’épanouissait plus jolie. Plus rien maintenant d’intolérable : les dettes étaient payées, M. Ladislaw allait revenir, et Lydgate se laisserait persuader de quitter Middlemarch, pour se fixer à Londres dont le séjour était si différent de celui d’une ville de province.

Ce fut une brillante éclaircie dans une matinée. Mais l’horizon redevint bientôt noir pour la pauvre Rosemonde. Une nouvelle cause de tristesse était survenue chez son mari, sur laquelle il gardait avec elle la plus profonde réserve, redoutant d’exposer ses sentiments ulcérés au sentiments passifs et aux faux jugements de Rosemonde. Elle ne tarda pas toutefois à en connaître les tristes motifs, bien étrangers cette fois à toutes ses idées anciennes sur ce qui pouvait troubler son bonheur. Revenue à des dispositions plus gaies, pensant que c’était simplement un accès d’humeur pire que de coutume qui empêchait Lydgate de répondre à ses remarques, et le tenait autant que possible éloigné d’elle, elle s’était décidée, quelques jours après le meeting, et sans en parler à son mari, à envoyer des cartes d’invitation pour une soirée, convaincue des avantages de cette démarche après avoir eu l’air de tenir leurs relations à distance depuis quelque temps. Les invitations acceptées, elle en parlerait à Lydgate et lui représenterait avec sagesse la manière dont un médecin doit se conduire avec ses voisins, car Rosemonde prenait les petits airs les plus graves du