Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/450

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tout simplement, plus ferme à mesure qu’elle poursuivait :

— J’avais une commission à faire hier, que je n’ai pas achevée : c’est pourquoi je suis revenue si tôt. Vous ne me trouverez pas trop importune, quand je vous aurai dit que je suis venue pour vous parler de l’injustice qu’on a montrée envers M. Lydgate. Cela vous fera du bien, n’est-ce pas ? d’apprendre sur son compte beaucoup de choses, dont il n’aime peut-être pas à parler lui-même, précisément parce qu’elles sont à sa justification et à son honneur. Vous aimerez à savoir que votre mari a de chauds amis, qui n’ont pas cessé de croire à la noblesse de son caractère ? Vous me permettrez de vous parler de cela sans me trouver indiscrète ?

Les accents affectueux qui, d’un ton de prière, semblaient couler dans un généreux oubli au-dessus de tous les incidents qui avaient rempli le cœur de Rosemonde de motifs de contrainte et de haine entre elle et cette femme, vinrent doucement tomber comme un courant tiède sur ses craintes et les fondre. Mistress Casaubon avait certainement ces incidents présents à l’esprit, mais elle n’allait parler de rien qui s’y rapportât. C’était en ce moment pour Rosemonde un trop grand soulagement pour lui permettre de rien ressentir fortement à côté.

Elle répondit gentiment dans la tranquillité nouvelle de son âme :

— Je sais que vous avez été très bonne. Je serai heureuse d’entendre tout ce que tous me direz de Tertius.

— Avant-hier, dit Dorothée, à Lowick, ou je lui avais demandé de venir me donner son avis sur les affaires de l’hôpital, il m’a raconté toute sa conduite et ses sentiments dans ce triste événement qui lui a valu les soupçons des ignorants. S’il m’a tout dit, c’est que j’ai été très hardie et que je le lui ai demandé. J’étais convaincue que jamais il n’avait manqué à l’honneur, et je l’ai prié de me raconter