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suivant de près sans lever les yeux. Le regard de Will avait rencontré celui de Dorothée au moment où elle sortait du banc, et elle s’inclina encore, mais d’un air agité cette fois, et comme si elle réprimait des larmes. Will sortit après eux. Mais ils continuèrent à s’avancer vers la petite porte qui du cimetière menait au bosquet, sans se retourner une seule fois.

Il lui était impossible de les suivre et il ne put que refaire lentement à pied, dans l’après-midi, la même route qu’il avait franchie le matin avec tant d’espérance. Au dedans et au dehors toutes les lumières étaient changées pour lui.



CHAPITRE VI


Ce qui, en quittant l’église, affligeait surtout Dorothée, c’était de voir M. Casaubon résolu à ne pas parler à son cousin, et la présence de Will en ce lieu ne servir qu’à marquer plus fortement l’éloignement qui existait entre eux. La présence de Will lui avait paru tout à fait excusable, elle la considérait même comme une aimable démarche de sa part vers une réconciliation qu’elle n’avait cessé de désirer. Il avait sans doute imaginé comme elle que, s’il se rencontrait par hasard avec M. Casaubon, ils se donneraient une poignée de main et que leurs rapports pourraient redevenir amicaux. Dorothée se sentait maintenant trompée dans son espoir. Will était plus que jamais banni, car M. Casaubon avait sans doute été plus aigri encore par cet acte de présence imposée d’une personne qu’il refusait de reconnaître.

Il n’avait pas prêché ce jour-là, ne se trouvant pas très bien et souffrant de suffocation ; aussi Dorothée ne fut-elle