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LIVRE V



LA MAIN DU MORT



CHAPITRE PREMIER


Dorothée sortait rarement sans son mari, parfois seulement, comme à toute femme de sa condition, lorsqu’elle habite à trois milles d’une ville, il lui arrivait de se rendre seule en voiture à Middlemarch, pour des emplettes ou pour des œuvres de charité. Deux jours après la scène de l’allée des Ifs, elle résolut de profiter d’une de ces occasions, pour aller trouver Lydgate, et lui demander si son mari avait réellement éprouvé quelques symptômes alarmants qu’il lui cachait, et s’il avait insisté pour connaître la vérité sur son état. Elle se sentait presque coupable de chercher des informations auprès d’un autre que son mari lui-même, mais la crainte de n’en pas obtenir de lui, — la crainte d’une ignorance qui pourrait la rendre dure et injuste — triompha de ses scrupules. Elle était sûre, en tout cas, qu’il s’était produit une certaine crise dans l’esprit de son mari : dès le lendemain, il avait adopté une méthode nouvelle dans le classement de ses notes, et il l’avait associée d’une façon inusitée