Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/71

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M. Brooke croisa ses mains derrière son dos, et se dirigea vers la fenêtre en se redressant par une petite secousse avant de répondre :

— C’est facile à dire, Chettam, facile à dire, vous savez.

— Mon cher monsieur, insista sir James, contenant son indignation dans des formes respectueuses, c’est vous qui l’avez amené ici et c’est vous qui l’y gardez, je veux dire par l’occupation que vous lui donnez.

— Oui, mais je ne puis le congédier brusquement sans lui donner de raisons, Chettam. Le concours de Ladislaw a été inestimable, des plus satisfaisants. Je considère qu’en l’amenant ici j’ai rendu un service à cette partie du comté.

— C’est grand dommage que cette partie du comté n’ait pu se passer de lui, c’est tout ce que je puis dire. Quoi qu’il en soit, je me sens autorisé, comme beau-frère de Dorothée, à m’opposer absolument à ce qu’il soit retenu ici, du fait des amis de Dorothée. Vous me reconnaissez, j’espère, le droit de me préoccuper de la dignité de la sœur de ma femme.

Sir James commençait à s’échauffer.

— Sans doute, mon cher Chettam, sans doute. Mais vous et moi avons des idées différentes, différentes…

— Pas à propos de cet acte de Casaubon, j’espère, interrompit sir James. Je dis qu’il a compromis Dorothée de la façon la plus ignoble. Je dis qu’il n’y a jamais eu action plus basse, plus indigne d’un gentleman : un codicille pareil, ajouté à un testament fait au moment de son mariage, avec la connaissance et l’approbation de sa famille ! C’est une insulte flagrante à Dorothée !

— Eh bien, vous savez, Casaubon était un peu ennuyé à propos de Ladislaw ; Ladislaw m’en a dit la raison, — aversion pour la carrière qu’il a choisie, vous savez ; Ladislaw ne faisait pas grand cas des connaissances de Casaubon : Thoth et Dagon, le dieu égyptien et le dieu philistin, etc. ; et