Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/75

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arriver d’un jour à l’autre, et qu’il fallait convaincre les électeurs des véritables intérêts du pays.

M. Brooke croyait en toute sincérité que son entrée au Parlement était de nature à les servir efficacement ; il offrait honnêtement à son pays les ressources de ses facultés.



CHAPITRE VIII


Dorothée était restée à Freshitt-Hall dans une entière sécurité pendant près d’une semaine, avant de hasarder aucune question dangereuse. Elle se tenait tous les matins avec Célia dans le plus joli des salons du haut ouvrant sur une petite serre : Célia, tout en blanc et mauve comme une touffe de violettes mélangées, observant les actes remarquables du bébé encore si nouveaux pour sa jeune expérience, et interrompant à chaque instant les conversations par des appels à l’oracle infaillible de la nourrice ! — Dorothée était assise à côté d’elle dans sa robe de veuve, avec une expression dont la tristesse agaçait quelque peu Célia ; car non seulement le bébé était tout à fait joli, mais réellement, pour un mari qui avait été si ennuyeux et si gênant pendant sa vie, et qui en outre avait… Sir James avait naturellement tout raconté à Célia en lui représentant avec énergie combien il était important que Dorothée n’en sût rien tant qu’on pourrait l’éviter.

Mais M. Brooke avait eu raison de dire que Dorothée ne resterait pas longtemps inactive, alors que l’action lui était imposée ; elle connaissait la teneur du testament de son mari fait au moment de leur mariage, et dès qu’elle eut clairement compris sa situation, son esprit se préoccupa en silence de ce qu’elle aurait à faire comme propriétaire de