Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/78

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voici, nourrice, prenez bébé et promenez-vous dans la galerie ; et puis tu t’es mis une idée fausse, comme de coutume, dans la tête, Dodo, je le vois bien et cela me fâche.

— En quoi ai-je tort, Kitty ? fit Dorothée avec une parfaite humilité. Elle était presque disposée maintenant, à trouver Célia plus sage qu’elle-même, et elle se demandait avec une certaine crainte quelle était son idée fausse. Célia sentait son avantage et était décidée à en profiter. Personne ne connaissait Dodo et ne savait la prendre aussi bien qu’elle. Depuis la naissance de son bébé, Célia avait plus conscience encore de sa solidité d’esprit et de sa calme sagesse. Il paraissait clair que, là où il y avait un bébé, les choses étaient bien dans l’ordre, et que l’erreur, en général, ne pouvait venir que de l’absence de ce centre de gravité.

— Je vois aussi clairement que possible à quoi tu penses, Dodo. Tu tâches de découvrir s’il n’y a pas quelque chose de désagréable à faire pour toi en ce moment, et uniquement parce que M. Casaubon le désirait ; comme si tu n’avais pas eu déjà assez de choses désagréables ! Et il ne le mérite pas, tu le verras bien. Il s’est trés mal conduit. James est aussi furieux contre lui qu’il est possible de l’être. Il vaut mieux que je te le dise pour te préparer.

— Célia, dit Dorothée d’un ton suppliant, tu me fais peur. Dis-moi tout de suite ce dont il s’agit.

L’idée que M. Casaubon avait légué ses biens à un autre qu’à elle lui traversa soudainement l’esprit et il n’y avait rien là de si affligeant.

— Eh bien, il a ajouté un codicille à son testament, pour dire que la propriété devait t’être enlevée tout entière, dans le cas où tu épouserais… je veux dire…

— C’est absolument sans conséquence, interrompit Dorothée impétueusement.

— Je veux dire, si tu épousais Ladislaw ; cela ne concerne nulle autre personne, poursuivit Célia avec une calme obsti-