Page:Eliot - Silas Marner.djvu/106

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de mauvaise humeur. « Il a été volé, et assassiné aussi, que je sache, » ajouta-t-il à voix basse.

« Jacques Rodney ! » dit Silas, en se tournant vers lui, et fixant ses yeux étranges sur l’homme qu’il soupçonnait.

« Eh bien, maître Marner, que me voulez-vous ? » reprit Jacques, tremblant un peu et saisissant sa canette en guise d’arme défensive.

« Si c’est vous qui avez volé mon argent, » dit Silas, joignant ses mains suppliantes, et élevant la voix jusqu’à crier, « rendez-le-moi, et je vous laisserai tranquille ; je ne mettrai pas le constable après vous. Rendez-le-moi, et je vous donnerai,… je vous donnerai une guinée.

— Moi… volé votre argent ! continua Jacques avec colère ; je vais vous lancer cette canette sur le nez si vous dites que c’est moi,… moi qui ai volé votre argent.

— Allons ! allons ! maître Marner, » reprit l’aubergiste, se levant alors d’un air résolu et saisissant Marner par l’épaule, « si vous avez une plainte à faire, exposez-la d’une manière raisonnable et montrez que vous êtes dans votre bon sens ; autrement, personne ne vous écoutera. Vous êtes trempé comme un rat noyé. Asseyez-vous, séchez vos vêtements et parlez franchement.

— Ah, vous entendez, mon vieux, » continua le maréchal, qui commençait à sentir qu’il n’avait pas été tout à fait égal à lui-même, et à la hauteur de la