Page:Eliot - Silas Marner.djvu/108

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qu’il a à dire, reprit l’aubergiste. Eh bien, voyons, maître Marner. »

Alors Silas raconta son histoire, et fut fréquemment interrompu par des questions, à mesure que le caractère mystérieux du vol devenait évident.

Cette situation étrange et nouvelle pour lui d’exposer ses peines à ses voisins de Raveloe, d’être assis à la chaleur d’un foyer autre que le sien, et de se sentir en présence de physionomies et de voix qui faisaient naître en lui ses premières espérances de secours, exerça sans aucun doute une influence sur Marner, malgré la vive préoccupation que lui causait son infortune. Notre conscience ne perçoit guère plus le commencement d’une croissance morale, que celui d’une croissance dans la nature ; — la sève a circulé bien des fois avant que nous découvrions le moindre signe du bourgeon.

Le léger soupçon avec lequel ses auditeurs l’avaient écouté d’abord, se dissipa graduellement devant la simplicité convaincante de sa détresse. Il était impossible pour les voisins de douter de la véracité de Marner. Ils ne pouvaient à vrai dire, d’après la nature des faits relatés par lui, conclure immédiatement qu’il n’avait pas de motifs de les exposer faussement ; mais, comme M. Macey le fit observer, « il n’était pas probable que des gens ayant le diable pour eux, fussent aussi abattus que l’était le pauvre Silas ». Bien plutôt, de la circonstance étrange que le voleur n’avait laissé aucune trace, et s’était trouvé