Page:Eliot - Silas Marner.djvu/144

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comme eux que du blanc ; et ceux qui étaient pour l’inexplicable, faisaient plus que de donner à entendre que leurs antagonistes étaient des volatiles disposés à chanter avant qu’ils eussent trouvé du grain, — de vraies écumoires sous le rapport de la capacité, et dont la clairvoyance consistait à supposer qu’il n’y avait rien derrière une porte de grange parce qu’ils ne pouvaient pas voir à travers. Par suite, bien que cette controverse ne servît pas à éclaircir le fait du vol, elle dévoilait certaines opinions vraies et importantes, mais n’ayant pas trait au sujet.

Cependant, tandis que la perte qu’il avait éprouvée servait ainsi à activer le faible courant de la conversation à Raveloe, le pauvre Silas lui-même était consumé par le désespoir que lui causait cette privation au sujet de laquelle ses voisins raisonnaient à leur aise. Quiconque l’eût observé avant la disparition de son or, aurait pu se figurer qu’un être aussi flétri et aussi ratatiné avait à peine la force de supporter aucune meurtrissure, ou de subir aucune déperdition, sans succomber immédiatement. En réalité, sa vie avait été une vie ardente, occupée par un but immédiat qui le séparait de l’inconnu immense et triste ; sa vie avait été tenace, et, bien que l’objet autour duquel les fibres de cette vie s’étaient enlacées fût une chose isolée et inerte, cet objet donnait satisfaction au besoin de Marner d’avoir un attachement quelconque. Mais maintenant la séparation protec-