Page:Eliot - Silas Marner.djvu/150

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immobile dans sa première attitude, appuyant ses coudes sur ses genoux et pressant sa tête entre ses mains. M. Macey s’arrêta, ne doutant pas qu’il n’eût été écouté. Il s’attendait à quelque appréciation en réponse ; mais Marner resta silencieux. Il avait le sentiment que le vieillard voulait lui être agréable, et avait à son égard des intentions de bon voisin ; malheureusement, cette bonté tombait sur Silas comme les rayons du soleil sur l’homme misérable : sentant qu’elle était bien loin de lui, il n’avait pas le cœur d’en jouir.

« Voyons, maitre Marner, n’avez-vous rien à répondre à cela ? dit enfin M. Macey, d’un ton de légère impatience.

— Ah, répondit Marner lentement, en secouant sa tête entre ses mains, je vous remercie, je vous remercie de tout mon cœur.

— Oui, oui, certainement, je savais que vous me remercieriez, dit M. Macey, et il m’est avis que… À propos, avez-vous un habillement du dimanche ?

— Non, dit Marner.

— C’est ce que je pensais, dit M. Macey. Maintenant laissez-moi vous conseiller de vous en procurer un. Tenez, Tookey, c’est un pauvre diable, mais il a mon fonds de tailleur, et une certaine partie de mon argent avec. Il vous fera un vêtement complet, à bon marché et à crédit. Alors vous pourrez venir à l’église et être un peu plus sociable avec vos voisins. Comment ! vous ne m’avez jamais entendu dire