Page:Eliot - Silas Marner.djvu/159

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vous vous sentiriez beaucoup mieux. Vous sauriez à quoi vous en tenir, et vous pourriez mettre votre confiance en Ceux qui en savent plus que nous, attendu que vous auriez accompli ce qu’il est de notre devoir à tous d’accomplir. »

Cette longue exhortation de Dolly, qui lui avait coûté un effort extraordinaire de paroles, fut prononcée de ce ton doux et persuasif avec lequel elle aurait essayé d’amener un malade à prendre sa médecine, ou un bol d’une bouillie pour laquelle il aurait eu de la répugnance. Jamais auparavant Silas n’avait été serré de si près au sujet de son absence de l’église. Le fait avait été simplement considéré comme un trait du caractère général de sa nature bizarre, et Marner était trop franc et trop simple pour éluder l’appel de Dolly.

« Non, non, dit-il. Je ne sais rien de l’église. Je n’ai jamais été à l’église.

— Jamais ! » reprit Dolly, du ton bas de l’étonnement. Alors, se rappelant que Silas était venu d’un pays inconnu, elle ajouta :

« Serait-ce parce qu’on n’avait pas d’églises dans le pays où vous êtes né ?

— Oh, si, » dit Silas d’un air méditatif, assis suivant son habitude, ses coudes appuyés sur ses genoux et soutenant sa tête dans ses mains. « Il y avait des églises, il y en avait beaucoup. C’était une

    des arbrisseaux verts. C’est un reste des coutumes païennes. (N. du Tr.)