Page:Eliot - Silas Marner.djvu/181

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Ainsi que je le répète toujours, M. Fais-à-ta-guise est le meilleur des maris, et le seul à qui je voudrais promettre d’obéir. Je sais que ce n’est pas agréable, une fois qu’on a été accoutumée à vivre largement, et à prendre soin de gros fûts de bière et autres choses semblables, d’aller fourrer son nez près du foyer d’autrui, ou de se mettre seule à table devant un cou de mouton ou un jarret de veau. Mais Dieu merci ! mon père est sobre, il est probable qu’il vivra longtemps, et, si on a un homme au coin du feu, il importe peu qu’il soit tombé dans l’enfance, — il n’est pas besoin d’abandonner les affaires. »

La manière délicate avec laquelle Priscilla passait sa robe par-dessus sa tête sans endommager ses boucles lisses, força cette demoiselle à interrompre son examen rapide de la vie humaine. Mme Osgood en profita pour se lever et dire :

« Eh bien, ma nièce, vous allez nous suivre. Les demoiselles Gunn seront bien aises de descendre. »

« Ma sœur, dit Nancy à Priscilla, lorsqu’elles furent seules, vous avez offensé les demoiselles Gunn, certainement.

— Qu’ai-je fait, mon enfant ? répondit Priscilla, assez alarmée.

— Mais, vous leur avez demandé si ça leur était égal d’être laides ; vous dites les choses trop crûment.

— Grand Dieu ! vraiment ! Eh bien, c’est parti tout d’un coup ; c’est un miracle que je n’en aie pas