Page:Eliot - Silas Marner.djvu/183

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disposée à céder autant qu’il est raisonnable ; mais qui doit s’habiller pareillement, si ce n’est les deux sœurs ? Voudriez-vous, lorsque nous sortons, que nous parussions ne pas appartenir à la même famille, — nous qui n’avons pas de mère ni d’autre sœur au monde ? Je ne ferais que ce qui est convenable, quand je devrais mettre une robe teinte en couleur jaune fromage, et j’aimerais mieux que ce fût vous qui choisissiez et me laissiez porter ce qui vous plaît.

— Vous y voilà encore ! vous ne changeriez pas de gamme, même si on vous parlait d’un bout de la semaine à l’autre. Ce sera joliment amusant de voir comment vous mènerez votre mari, sans jamais élever la voix plus haut que le chant de la bouilloire pendant ce temps-là. J’ai du plaisir à voir mener les hommes.

— Ne parlez donc pas ainsi, dit Nancy, en rougissant. Vous savez que je n’ai point du tout l’intention de me marier.

— Oh, vous n’avez point du tout l’intention de faire cette bêtise ! » dit Priscilla, comme elle pliait la robe qu’elle venait de quitter, et l’enfermait dans sa caisse. « Et pour qui aurai-je à travailler, moi, après la mort de mon père, si vous allez vous mettre en tête de rester vieille fille, parce que certaines personnes ne sont pas meilleures qu’elles ne devraient être ? Je suis à bout de patience à votre égard — de vous voir rester toujours à couver un œuf clair, comme s’il n’y en avait pas d’autre au monde. De