Page:Eliot - Silas Marner.djvu/201

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sont un peu trop rondes. Et quant à ces habits qu’il commande au tailleur de Flitton, ils sont pauvrement coupés pour être payés le double.

— Ah ! monsieur Macey, vous et moi ça fait deux, dit Ben, légèrement indigné de cette critique vétilleuse. Quand j’ai là un pot de bonne bière, j’aime à l’absorber et à faire du bien à mon estomac, au lieu de sentir le liquide et de le regarder avec de grands yeux, pour m’assurer si je ne trouverai rien à redire au brassage. Je voudrais vous voir me montrer un jeune homme mieux taillé que maître Godfrey, — un jeune homme qui vous terrasserait plus facilement, ou ayant une meilleure mine que lui lorsqu’il est vif et enjoué.

— Bah ! dit M. Macey, provoqué à critiquer avec plus de sévérité. Il n’a pas encore pris sa vraie couleur : il est à peu près comme un pâté imparfaitement cuit. J’ai idée qu’il a le cerveau un peu faible, sinon, pourquoi se laisse-t-il embobiner par ce vaurien de Dunsey que personne n’a vu dernièrement, et lui a-t-il laissé tuer ce beau cheval de chasse dont tout le monde parlait dans le pays ? Et pendant un temps il était toujours à rechercher Mlle Nancy ; puis tout s’est évanoui, pour ainsi parler, comme l’odeur de la soupe quand elle se refroidit. Je ne m’y prenais pas de cette façon, moi, à l’époque où je faisais la cour.

— Ah, mais peut-être bien que Mlle Nancy s’est retirée, et qu’il n’en a pas été de même de votre amoureuse, Ben.