Page:Eliot - Silas Marner.djvu/212

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indices, quelques nouvelles de son trésor se trouvassent mystérieusement en route, susceptibles d’être aperçues par les efforts de son regard ou l’attention de son oreille. C’était principalement le soir, quand il n’était pas occupé à son métier, qu’il se mettait à répéter cet acte machinal, auquel il aurait été incapable d’assigner aucun but déterminé, et qui ne saurait guère être compris que de ceux qui ont éprouvé l’affolante douleur de se voir séparés de l’objet suprêmement aimé. Dans le crépuscule du soir, et, plus tard, toutes les fois que la nuit n’était pas obscure, Silas regardait au dehors la petite perspective qui environnait les Carrières. Il veillait et écoutait attentivement, non point avec espoir, mais simplement avec un désir inquiet et irrésistible.

Ce matin-là, quelques-uns de ses voisins lui avaient dit que le lendemain était le jour de l’an, et qu’il fallait veiller le soir même pour entendre sonner le départ de l’ancienne année et l’arrivée de la nouvelle, parce que cela portait bonheur et pourrait lui faire revenir son argent. Ce n’était qu’une façon amicale des gens de Raveloe, de plaisanter au sujet des singularités à moitié insensées d’un avare. Cela avait peut-être contribué à jeter Silas dans un état d’agitation plus grand que de coutume. Depuis le commencement du crépuscule, il avait ouvert sa porte à maintes reprises, mais pour la refermer immédiatement chaque fois, envoyant que toute perspective était voilée par la neige tombante. Pourtant, la dernière