Page:Eliot - Silas Marner.djvu/214

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lui sembla que ses yeux troubles apercevaient par terre, devant le foyer, quelque chose ayant l’apparence de l’or. De l’or ! — son or à lui, — rapporté aussi mystérieusement qu’il lui avait été enlevé ! Il sentit alors que son cœur se mettait à battre avec violence, et, pendant quelques instants, il fut incapable d’avancer la main pour saisir le trésor retrouvé. Le monceau d’or paraissait briller et s’accroître sous son regard agité. Il se pencha enfin, et tendit la main en avant, mais au lieu des pièces dures au contour familier et résistant, ses doigts rencontrèrent des boucles soyeuses et chaudes. Dans son extrême étonnement, Silas se laissa tomber sur les genoux et baissa profondément la tête pour examiner la merveille : c’était une enfant endormie, — une jolie petite créature rondelette, la tête toute couverte de boucles blondes et soyeuses. Était-il possible que ce fût sa petite sœur qui lui revint dans un rêve, — sa petite sœur qu’il avait portée dans ses bras pendant une année avant qu’elle mourût, alors qu’il n’était lui-même qu’un enfant sans souliers et sans bas ? Telle fut la première pensée qui frappa Silas stupéfait d’étonnement. Cependant, était ce bien un rêve ? Il se remit sur ses pieds, rapprocha les bûches, et, jetant dessus quelques feuilles sèches et du petit bois, il obtint de la flamme ; mais la flamme ne fit pas disparaître la vision ; elle ne fit qu’éclairer plus distinctement la petite forme rondelette de l’enfant, ainsi que ses misérables vêtements. Elle ressemblait beaucoup à