Page:Eliot - Silas Marner.djvu/216

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cris inarticulés, mélangés avec le mot « ma-ma », au moyen desquels les petits enfants expriment leur perplexité à leur réveil. Silas la pressa contre son cœur, et proféra presque inconsciemment des sons de tendresse pour la calmer. En même temps, il lui vint à l’idée qu’une partie de sa soupe qui s’était refroidie près du feu mourant, pourrait, s’il la faisait seulement réchauffer un peu, servir de nourriture à l’enfant.

Il eut beaucoup à faire pendant l’heure qui suivit. La soupe, adoucie avec un peu de cassonade provenant d’une ancienne provision qu’il s’était abstenu d’employer pour lui-même, arrêta les cris de la petite, lui fit lever ses yeux bleus vers Silas, et le fixer avec un grand regard calme, lorsqu’il lui mit la cuillère dans la bouche. Bientôt, elle se laissa glisser de dessus les genoux de Marner, et se mit à marcher çà et là, à petits pas, mais en chancelant si gentiment, qu’il se leva d’un bond pour la suivre, de peur qu’elle ne trébuchât contre quelque chose qui la blessât. Mais elle tomba seulement assise par terre, où, le visage en pleurs et regardant Marner, elle se mit à tirer ses petites chaussures, comme si elles lui faisaient mal. Il la reprit alors sur ses genoux. Cependant, ce ne fut que quelque temps après qu’il vint à l’esprit lent du célibataire Silas, que les souliers mouillés causaient la douleur de l’enfant, en serrant ses chevilles réchauffées. Il enleva les souliers avec difficulté, et Bébé s’occupa immédiatement avec délices du mystère de ses petits orteils, encore nouveau pour elle, invitant