Page:Eliot - Silas Marner.djvu/242

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sympathie, plutôt que par une comparaison de phrases et d’idées. Mais maintenant, depuis de longues années, ce sentiment était endormi.

Il n’avait pas de notion nette au sujet du baptême des enfants et de la fréquentation de l’église, si ce n’est que Dolly lui avait dit que c’était pour le bien de la petite. De cette manière, à mesure que les semaines formaient des mois, l’enfant créait sans cesse des liens nouveaux, entre l’existence de Marner et celle des personnes qu’il avait toujours évitées jusqu’ici, pour s’isoler d’une façon plus complète. Contrairement à l’or qui n’avait besoin de rien et devait être adoré dans une solitude tout à fait secrète, caché à toute lumière, sourd au chant des oiseaux, et ne tressaillant au son d’aucune voix humaine, Eppie était une créature dont les besoins étaient infinis, et les désirs toujours croissants. C’était une créature qui recherchait et aimait la lumière du soleil, le bruit de la vie, et les mouvements de la vie, — essayant toute chose, ayant foi dans les joies nouvelles, et faisant naître la bonté dans les yeux de tous ceux qui la regardaient. L’or avait confiné les pensées de Silas dans un cercle toujours le même, et ne conduisant à rien au delà de ses propres limites ; Eppie, créature formée de changements et d’espérances, forçait à présent ces pensées d’aller en avant. Elle les entraînait bien loin de ce vain but vers lequel elles s’empressaient toujours de se diriger autrefois, et les portait vers les nouvelles choses qui devaient venir avec les années futures,