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sait peu de jours dans la semaine, où on ne le vît pas aller à cheval aux Garennes. Godfrey lui-même, lorsqu’on lui demandait en plaisantant si le jour était fixé, souriait avec le sentiment agréable d’un prétendu qui pouvait répondre « oui », s’il le voulait. Il se sentait transformé, délivré de la tentation ; et la vision de sa vie future lui apparaissait comme une terre promise, pour laquelle il n’était pas besoin de combattre. Il se voyait dans l’avenir avec tout son bonheur concentré autour de son foyer, tandis que Nancy lui sourirait et qu’il jouerait avec les enfants. Et cette autre enfant, sans place dans la demeure paternelle, il ne l’oublierait pas. Il veillerait à ce qu’elle fût bien pourvue. C’était le devoir d’un père.



CHAPITRE XVI


C’était un beau dimanche d’automne, seize ans après que Silas Marner avait découvert son nouveau trésor devant l’âtre de son foyer. Les cloches de la vieille église de Raveloe sonnaient la joyeuse volée, annonçant que l’office du matin était terminé. De la porte cintrée de la tour, lentement, retardés par des salutations et des questions amicales, sortaient les plus riches paroissiens, qui avaient trouvé cette belle matinée du dimanche très convo-