Page:Eliot - Silas Marner.djvu/260

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reconnaître que le maître et la maîtresse de la Maison Rouge ?

Cependant il est impossible de se méprendre au sujet de Silas Marner. Comme c’est le cas chez les gens qui ont été myopes dans leur jeunesse, ses grands yeux bruns paraissent avoir acquis une vue plus longue, — ils ont un regard moins vague et plus sympathique. Seulement, tout le reste de sa personne témoigne d’une constitution très affaiblie par le laps de seize années. Ses épaules courbées et ses cheveux blancs lui donnent presque l’air d’un vieillard, bien qu’il n’ait pas plus de cinquante-cinq ans. Mais la fleur la plus fraîche de la jeunesse est tout près de lui, — une blonde jeune fille le de dix-huit ans, au visage à fossettes, qui a vainement essayé de forcer les petites boucles de ses cheveux châtains à rester lisses sous son chapeau brun. Celles-ci ondulent avec autant d’obstination qu’un petit ruisseau sous la brise de mars, et s’échappent du peigne qui s’efforce de les maintenir derrière la tête, pour se montrer au-dessous du fond du chapeau. Eppie ne peut s’empêcher d’être tourmentée à ce propos, car il n’y a pas d’autre jeune fille à Raveloe qui ait des cheveux ressemblant le moins du monde aux siens, et elle s’imagine que les cheveux devraient être lisses. Elle n’aime pas à être répréhensible, même dans les petites choses ; aussi, vous voyez avez quel soin son livre de prières est enveloppé dans son mouchoir tacheté.