Page:Eliot - Silas Marner.djvu/287

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de l’époque ruineuse actuelle, de sorte qu’il n’avait pas entendu la conversation de ses filles.

« Ma chère, il vous faut demander à Priscilla, dit-il, de cette voix jadis ferme, mais devenue maintenant un peu cassée, Elle dirige son père et la ferme.

— Il y a de bonnes raisons pour vous diriger, papa, dit Priscilla ; autrement, vous vous donneriez la mort en attrapant des rhumatismes. Et, pour ce qui regarde la ferme, si quelque chose va de travers, — ce qu’il n’est pas possible d’éviter à l’époque où nous vivons, — rien ne tue un homme aussi vite que de n’avoir aucun reproche à faire à qui que ce soit, excepté à lui-même. C’est de beaucoup la meilleure manière de rester le maître, que de laisser donner les ordres par d’autres et de se réserver le privilège de blâmer. Mainte personne s’épargnerait une attaque en agissant ainsi, voilà mon opinion.

— Bien, bien, ma chère, dit son père, en riant tranquillement ; je n’ai pas dit que vous ne dirigiez pas pour le bien de tous.

— Alors, dirigez de façon à rester pour prendre le thé, Priscilla, » dit Nancy, posant affectueusement sa main sur le bras de sa sœur. « Venez maintenant ; nous allons faire un tour de jardin, pendant que papa prendra son somme.

— Ma chère enfant, il prendra un somme splendide dans le cabriolet, vu que c’est moi qui conduirai. Quant à rester pour le thé, je ne puis pas en entendre parler ; car il y a cette petite laitière qui