Page:Eliot - Silas Marner.djvu/290

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— Oh, ne parlez pas ainsi, Priscilla, » dit Nancy, se repentant d’avoir provoqué cette explosion : « personne n’a sujet de blâmer Godfrey. Il est naturel qu’il soit désappointé d’être sans enfants, car tous les hommes aiment à avoir des enfants pour qui ils travaillent et mettent de côté, et il avait toujours si bien compté prendre ses ébats avec les siens lorsqu’ils seraient petits. Beaucoup d’autres, à sa place, se lamenteraient plus qu’il ne le fait. C’est le meilleur des maris.

— Oh ! je connais, dit Priscilla, avec un sourire sarcastique, je connais cette façon d’agir des femmes mariées ; elles vous excitent à dire du mal de leurs maris, puis elles se retournent contre vous et font l’éloge de ces messieurs, comme si elles voulaient les vendre. Mais papa va m’attendre ; il faut nous en retourner maintenant. »

Le grand cabriolet, attelé du vieux et tranquille cheval gris, stationnait devant la porte d’entrée, et M. Lammeter était déjà sur le perron, passant le temps à rappeler à Godfrey quelles étaient les bonnes qualités de Pommelé, à l’époque où son maître le montait.

« Moi, j’ai toujours tenu à avoir un bon cheval, voyez-vous, » disait le vieux monsieur, qui n’aimait pas que l’époque de sa jeunesse fougueuse s’effaçât complètement de la mémoire des plus jeunes que lui.

« N’oubliez pas d’amener Nancy aux Garennes avant la fin de la semaine, monsieur Cass, » fut la