une sincérité pure comme la rosée née sur les fleurs. En vérité, Godfrey ressentait cela avec tant d’intensité, que sa nature plus indécise, et répugnant trop à affronter les difficultés pour être toujours franche et sincère, avait une certaine crainte respectueuse de cette douce épouse qui épiait les regards de son mari avec le désir ardent de leur obéir. Il lui semblait qu’il ne pourrait jamais révéler à Nancy la vérité concernant Eppie. Jamais elle ne se remettrait de la répulsion que lui causerait l’histoire de ce premier mariage, s’il la lui révélait maintenant, après avoir gardé le secret si longtemps. Et l’enfant aussi, pensait-il, deviendrait certainement un objet de répulsion pour elle : la seule présence d’Eppie lui serait pénible. Peut-être même que le coup porté à la fierté de Nancy — fierté mélangée avec son ignorance du mal dans le monde — serait trop fort pour sa constitution délicate. Puisqu’il l’avait épousée avec un secret sur le cœur, il lui fallait garder ce secret jusqu’au bout. Quoi qu’il pût faire, il devait s’abstenir de creuser une brèche infranchissable entre lui-même et la femme qu’il aimait depuis tant d’années.
Cependant, pourquoi ne pouvait-il s’accoutumer à voir sans enfants un foyer qu’une telle épouse embellissait ? Pourquoi son esprit dirigeait-il son vol inquiet vers ce vide, comme si ce fût la, seule cause pour laquelle sa vie n’était pas complètement heureuse ? Je suppose qu’il en est ainsi chez tous les hommes et toutes les femmes qui atteignent un