Page:Eliot - Silas Marner.djvu/319

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douille nécessairement des expressions plus grossières que ses intentions, et qui doivent vraisemblablement froisser des sentiments susceptibles. Tandis qu’il avait parlé, Eppie avait tranquillement passé son bras derrière la tête de Silas, et sa main caressante s’y était appuyée : elle sentit que celui-ci tremblait avec violence. Après que M. Cass eût terminé, le tisserand resta silencieux pendant quelques instants, ayant perdu toute énergie dans un conflit d’émotions dont chacune était également pénible. Le cœur d’Eppie se gonflait à l’idée que son père était dans la détresse. Et clic était sur le point de se pencher pour lui adresser la parole, lorsqu’une angoisse violente domina enfin toutes celles qui luttaient dans l’âme de Silas. Il dit alors d’une voix faible :

« Eppie, mon enfant, parlez. Je ne veux pas empêcher votre bonheur. Remerciez M. et Mme Cass. »

Eppie retira sa main de derrière la tête du tisserand, et fit un pas en avant. Ses joues étaient rouges, mais ce n’était pas de fausse honte, cette fois : le sentiment que son père était plongé dans le doute et dans la souffrance, avait banni cette sorte de conscience d’elle-même. Elle fit une profonde révérence, d’abord à Mme Cass, puis à M. Cass, et leur dit :

« Merci, madame ; merci, monsieur. Mais je ne puis pas quitter mon père, ni reconnaître quelqu’un qui me serait plus que lui. Et je ne désire pas devenir une dame. Merci, tout de même ; » — ici Eppie fit une