Page:Eliot - Silas Marner.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’entrée de la Cour, à côté de la fenêtre en saillie. C’est l’endroit où il y a un ruisseau dans la rue pour permettre à l’eau de s’écouler. Ah ! il me semble voir tout cela !

— Oh ! papa, c’est comme si je suffoquais ! dit Eppie. Je n’aurais pas pu croire qu’il y eût des gens vivant de cette manière, aussi près les uns des autres. Que les Carrières nous sembleront jolies, à notre retour !

— Mon enfant, cela me paraît drôle, à moi aussi, maintenant, et ça sent mauvais. Je ne puis pas me persuader que l’odeur était si désagréable autrefois. »

Çà et là quelque visage blême et barbouillé, regardant les étrangers de l’entrée obscure d’une porte, augmentait l’inquiétude d’Eppie. Aussi éprouva-t-elle un soulagement depuis longtemps désiré, lorsqu’ils sortirent des passages étroits pour pénétrer dans la ruelle des Souliers, d’où l’on voyait une plus large bande du ciel.

« Oh ! grand Dieu ! dit Silas ; mais, voilà des gens qui sortent de la Cour, comme s’ils revenaient de la chapelle, à cette heure de la journée, — à midi, un jour de la semaine ! »

Soudain il tressaillit et resta immobile, avec un regard éperdu et désespéré qui alarma Eppie. Ils se trouvaient devant une entrée, en face d’une grande manufacture. De cette entrée sortaient des flots d’hommes et de femmes, qui allaient prendre leur repas de midi.