Page:Eliot - Silas Marner.djvu/57

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homme à faire mordre le vieux Bryce à l’hameçon. Je vous obtiendrai cent vingt livres sterling de votre cheval, aussi sûrement que je vous obtiendrais un gros sou.

— Mais il pleuvra peut-être des hallebardes demain, comme il en a plu hier ; dans ce cas, vous ne pourrez pas aller à cette chasse, » dit Godfrey, sachant à peine s’il désirait ou non que cet empêchement survînt.

« Pleuvoir, allons donc ! dit Dunstan. J’ai toujours de la chance pour le temps. Il pleuvrait sans doute, si vous vouliez y aller vous-même. Les atouts ne sont jamais dans votre jeu, vous savez ; moi, je les ai toujours. Vous possédez la beauté, voyez-vous, et moi j’ai la chance, de sorte qu’il faut me garder auprès de vous comme votre porte-bonheur[1]. Non, vous ne réussirez jamais sans moi.

— Que le diable vous confonde ! retenez votre langue, dit Godfrey impétueusement. Mais prenez garde de ne pas vous enivrer demain ; autrement, vous piquerez une tête en revenant à la maison, et Éclair pourrait en pâtir.

— Tranquillisez votre cœur sensible, dit Dunstan, en ouvrant la porte. Vous ne m’avez jamais pris à y voir double lorsque j’avais un marché à conclure : cela gâterait le divertissement. D’ailleurs, toutes les fois

  1. Texte : latin, pièce de douze sous bosselée. C’est une croyance populaire, en Angleterre, qu’une pièce bosselée ou trouée porte bonheur à la personne qui l’a sur elle. (N. du Tr.)