Page:Eliot - Silas Marner.djvu/97

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que je fusse seul avec M. Drumlow. Alors, moi de tout divulguer, respectueusement toutefois, comme toujours. Le pasteur traita la chose légèrement, et dit : « Bah, bah, Macey, tranquillisez-vous ; ce n’est ni le sens ni les mots : c’est le registre des mariages qui fait l’affaire, voilà la colle. » Ainsi, vous voyez qu’il résolut la question facilement. Les pasteurs et les docteurs savent tout par cœur, pour ainsi parler, et ils ne sont pas tourmentés par la préoccupation de distinguer le bon et le mauvais côté des choses, comme je l’ai été maintes et maintes fois. Et il est assez certain que le mariage a bien tourné. Seulement, cette pauvre dame Lammeter — autrefois Mlle Osgood — mourut avant que ses filles fussent grandes. Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne la prospérité et tout ce qui est honorable, il n’y a pas de famille plus considérée que celle-là. »

Tous les auditeurs de M. Macey avaient entendu cette histoire bien souvent. Ils ne l’écoutèrent pas moins comme un air favori, et à certains endroits ils cessèrent un instant de fumer leurs pipes, afin de pouvoir consacrer toute leur attention aux paroles qu’ils attendaient. Mais ce n’était pas fini. M. Snell, l’aubergiste, fit dûment la question qui devait amener la suite du récit :

« À propos, n’a-t-on pas dit que le vieux monsieur Lammeter possédait une jolie fortune, lorsqu’il vint dans ce pays ?

— Oui, c’est juste, reprit M. Macey ; néanmoins,