Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/100

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que tous les enfants savent de l’Inde. De détail caractéristique, point ; au contraire, il se sert d’expressions ou d’images toutes chrétiennes : les génies de là-bas ont des ailes de topaze comme nos anges, et dans ces mots : le souffle de Brahma, se retrouve notre idée du souffle divin qui donne la vie à ce qui est inerte, idée qui cadre mal avec le système des religions panthéistes. En 1844, il aurait déjà pu connaître le premier volume, paru en 1840, du Bhâgavata-Purâna ; mais non, dans son panthéisme d’alors il n’y a pas trace d’un élément hindou.

En 1846 encore, il ne trouve sur l’Inde que quelques vers pâles et pauvres :


Eût-il d’un pied poudreux foulé sous d’autres nues
Du Gange ou de l’Indus les rives inconnues,
Et, des dieux endormis Iroublant la morne paix,
Interrogé le brahme au ftnddes bois épais[1]


Si le dernier vers semble assez juste (voyez la cinquième partie de Çanacépa), celui qui précède trahit une certaine ignorance, car il laisse supposer que le brahme est une sorte de prophète parlant au nom des Dieux, dans un sanctuaire où sont rendus des oracles, quelque chose d’analogue à la Pythie. Au total, le poète avoue lui-même que les rives du

  1. Le Voile d’Isis.