Leurs yeux se ferment alors pour les manifestations visibles et passagères. — Leurs oreilles n’entendent plus rien des bruits sensuels. — Que verraient en effel les justes ? — Qu’entendraient-il ? — L’abîme de ce qui est, un et par soi-même, est noir, inouï. — Telle est la doctrine des justes, elle est consolante. » Cette doctrine qui sera bientôt la sienne ne l’inspire guère encore ; le ton est ironique. Plusieurs choses importantes sont cependant entrevues, mais la plus importante de toutes n’y est pas : à la place où plus tard, dans le texte remanié, il sera parlé d’apparences de l’Être[1] il n’est encore question que de manifestations, comme à Bourbon, er le grand mot, le mot d’illusion n’est pas prononce[2]
- ↑ Dans Phalya-Mani, en 1876.
- ↑ Yaso’da étant le premier écrit hindou de Leconte de Lisle,
il y aurait le plus grand intérêt à en déterminer la source. Leconte
de Lisle en nomme une : sa nouvelle est « un épisode
emprunté à Jayadêva le lyrique », et c’est du même poète que
lui viendrait son épigraphe, dont voici le texte exact :
La destinée des hommes et des femmes est dure.
Qu’elle est dure la destinée des hommes et des femmes !
Cela est-il à jamais ?
Il y a des sages qui disent : non !Jayadêva étant un poète erotique et voluptueux comme il y en a peu, on trouve étrange que la révélation de l’Inde ascétique et pessimiste vienne de lui ; mais en réalité, à moins qu’il ne se soit moqué du lecteur, Leconte de Lisle a été trompé. Le Gitagovinda, qui est le seul poème connu de Jayadêva, ne contient ni les vers cités dans l’épigraphe, ni à plus forte raison