Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/73

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dans ce trait qu’il lance au milieu d’un tout autre ordre d’idées, un certain ton agressif. Dans l’Holocauste, Dieu « n’est qu’une façon de parler »[1] ; il est nié dans le Catéchisme populaire républicain[2], et tous ceux qui ont connu le poète s’accordent sur ce point de sa philosophie. Tout le développement de sa pensée depuis 1848 suppose la négation préalable de Dieu ; il n’y a pas place pour cette idée. Quand, dans les Montreurs, il l’eut laissée se glisser dans un vers, il se hâta de faire une correction qui la supprimait[3].

  1. L’Holocauste. Poèmes tragiques, p. 52.
  2. Catéchisme populaire républicain, p. 9 [sur le christianisme] : « L’homme reste entre les mains d’un maître absolu et incompréhensible, comme l’argile entre les mains du potier, selon la déclaration de saint Paul. Or, la raison humaine nous dit qu’il n’y a en tout ceci ni argile, ni potier, ni maître incompréhensible, ni esclave stupide. » Toutes les affirmations du Catéchisme républicain excluent l’hypothèse d’un Dieu. Il faut ajouter le vers de Qaïn [Poèmes barbares, p. 19] :
    Et qui t’y cherchera ne t’y trouvera pas.
  3. Les Montreurs, Reçue contemporaine du 30 juin 1862 :
    La robe de lumière
    Que Dieu fit à l’amour comme à la volupté
    éd. Lemerre [Poèmes barbares, p. 222] :
    La robe de lumière
    De la pudeur divine et de la volupté.