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CHAPITRE IV

Le sentiment religieux et le pessimisme


Optimisme et attachement à la vie. — Négation de l’immortalité. — « L’âpre désir des choses éternelles ». — Formation du pessimisme.



L’état d’esprit dans lequel se trouvait Leconte de Lisle, à l’époque où son spiritualisme disparaissait définitivement, peut se résumer en deux mots : optimisme presque absolu, amour illimité de la vie.

Cela est important à constater : tant que la métaphysique reste en dehors, le coup d’œil que Leconte de Lisle jette sur la vie et la nature ne lui révèle rien qui puisse devenir une raison de pessimisme, et cela noii seulement dans ses heureuses années d’espérance sociale : jusqu’à la fin, à travers ses tristesses les plus sombres, l’ancienne lumière réapparaîtra par intervalles. « Vivre est si doux » s’écrie Çanta dans Çunacépa[1], et le poème tout entier, le dénouement surtout, laissent très bien sentir qu’au fond du cœur Leeonte de Lisle n’était pas en désaccord avec elle.

  1. Poèmes antiques, p. 51.