Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/139

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mes[1]. Que si l’on veut une expression plus catégorique de cette sympathie égale des deux côtés, qu’on lise l’Églogue harmonienne[2]. L’idéal de beauté représenté par la Grèce, et l’idéal de 'chasteté représenté par le christianisme, de la chasteté connue non comme un effort ascétique violentant la nature, mais comme une disposition naturelle du sentiment, y sont opposés en strophes alternées, où la pureté, la douceur et la mélancolie de l’amour chrétien, l’ « amour sans tache », sont peintes très délicatement ; et à la fin, le poêle les réunit dans une même invocation :


Divin charme des yeux ! ô chasteté bénie !
Double rayonnement d’un immuable feu !
Sur ce monde échappé de sa main infinie
Vous êtes la lumière et l’empreinte de Dieu !

  1. Les Ascètes de 1846.

    Jamais il n’arrosa de vos sublimes pleurs
    Le sol universel des humaines douleurs,
    Ô bien-aimés d’un juste, enfants d’un divin père…


    et plus bas :

    Fous sublimes, martyrs, vaillantes créatures,
    Que fatiguait la vie et qu’altérait le ciel,
    Qui dans l’effort sacré de vos fortes natures
    Poussiez vers l’idéal un sanglot éternel !

  2. L’Églogue harmonienne de la Phalange n’est autre que le Chant alterné des Poèmes antiques, mais les variantes sont nombreuses et la fin, comme on voit, entièrement différente.