mais d’être un maître dans l’art de vivre et de bien remplir les devoirs de maître ou de serviteur, de mari, de père et d’ami. Mais c’est chose qui exige une capacité aussi étendue que les autres fonctions — autant, ou plus — et la raison de l’insuccès est la même. J’estime que le vice de nos intérieurs, c’est que l’homme n’y est pas tenu pour sacré. Le vice du Gouvernement, le vice de l’éducation, le vice de la religion, ne fait qu’un avec celui de la vie privée.
Dans les anciennes légendes, il était question d’un manteau apporté du pays des fées pour être offert à la femme la plus belle et la plus pure de la cour du Prince Arthur. Il devrait être donné à celle à qui il irait. Chacune s’empressa de l’essayer, mais il n’allait à personne : pour l’une, il était dix fois trop large, pour l’autre, il traînait par terre, et pour la troisième, il rétrécissait et n’était plus qu’une écharpe. Elles déclarèrent, naturellement, que c’était le manteau du diable ; en réalité, la vérité était dans le manteau et démasquait les laideurs que chacune aurait volontiers cachées. Toutes s’en écartèrent avec terreur. L’innocente Genelas put seule le porter. De même, tous ont l’esprit muni d’une mesure de l’homme qu’ils appliquent à chaque passant. Malheureusement, pas un sur mille n’arrive à la stature et aux proportions du modèle. Celui qui mesure n’y arrive pas davantage, ni la foule des rues, ni les individus d’élite qu’il admire — les héros de l’humanité. Quand il les examine avec un esprit critique, il découvre que leurs vues sont basses, qu’ils sont trop aisément satisfaits. Il voit la rapidité avec laquelle la vie arrive à son point culminant, et l’humilité des espérances de la majorité des hommes. Peu de temps après l’âge de