DE LA CHOSE RUSTIQUE
L’honneur du fermier, c’est d’avoir, dans la division du travail, la fonction de créer. Toutes les occupations reposent en dernière analyse sur son activité primordiale. Il est près de la nature ; il tire de la terre le pain et la viande. Les aliments qui n’existaient pas, il les produit. Le premier fermier a été le premier homme, et toute la noblesse historique repose sur la possession et l’exploitation du sol. Les hommes n’aiment point le travail pénible ; mais tout homme éprouve un respect particulier pour l’agriculture, a le sentiment que c’est là le travail original de sa race, et que lui-même n’en est dispensé que par quelque circonstance qui le lui a fait résigner temporairement entre d’autres mains. S’il n’a pas quelque talent qui le rende estimable au fermier, quelque produit en échange duquel le fermier lui donnera du blé, il doit retourner lui-même à la place qui lui revient parmi les cultivateurs. Et l’agriculteur garde à tous les yeux son charme primitif, étant plus près de Dieu, cause première.
De plus, la beauté de la nature, le calme et l’innocence de l’homme des champs, son indépendance et